dans cet univers surfait, il existe toutes sortes de gens. Des bons, des moins bons, des mauvais et des très mauvais. Le monde est ainsi fait, et personne ne lui en n’a jamais voulu. Enfin, jusqu’ici. Puis, elle est née. Elle a commencé à haïr le monde. Pour ce qu’il était et pour ce qu’il offrait. Son nom à elle, c’est Desdémone Blonde Driskoll. À la maison, c’est Dessy, à l’école c’est Blondie. Mais qu’importe puisqu’elle s’en moque. Du haut de ses dix-huit ans, Desdémone ne pense qu’à une chose, apprendre chaque jour davantage de ce monde. Puisque plus elle en saurait, plus il serait facile de le briser. C’est pour cette raison qu’elle admire Poudlard, qu’elle l’adore. Pour sa quatrième rentrée dans l’école de sorcellerie la plus réputée du monde magique, Dessy s’attend à tout. Au meilleur comme au pire. De toute façon, elle n’a rien à perdre. Tout à gagner. Ces parents sont tout deux Sang-pur, leur progéniture l’est encore davantage. Plus sage et plus consciencieuse qu’ils ne l’ont jamais été. Ses parents sont êtres tout ce qu’il y a de plus respectueux, mais elle ne les aime pas. Comment les aimer ? Cette mère qui a osé la mettre au monde un dix-huit avril dans les années mille neuf-cents nonante-trois quelque part au fin fond de l’Angleterre, dans un endroit triste et morne que son esprit garde emprisonné comme souvenir détesté. Et son père, ce rustre personnage, voulant lui inculquer des tâches trop dure pour elle. Alors elle les hait, doucement, presque tendrement. Mais elle les hait, Desdémone. Elle ne peut pas les supporter. Alors, pour les oublier et pour se prouver que dans la vie, elle fait ce qu’elle veut ; elle étudie énormément. Passant sa vie dans les bouquins, elle obtient toujours d’excellents résultats. Elle essaye d’apprendre tout ce qu’elle peut. Parce qu’au fond, elle a peur. Peur de cette histoire d’éléments qui n’hésiteront pas à se venger. Alors, entre magie noire et magie blanche, son cœur balance. L’un comme l’autre l’effraye, mais elle les apprivoise. Totalement neutre, elle se refuse à faire un choix. Et peut-être que c’est mieux comme ça. De plus, malgré son tempérament de feu sous son apparence fragile, Desdémone est une enfant peureuse. Elle a peur de tellement de chose. Même si cela ne se voit pas. Mais sa pire crainte, celle que prendrait pour forme un épouventard, ce serait : Donovan, tel qu’il est dans son souvenir. Tout petit, tout bouclé avec cette expression d’absence sur le visage. Oh Donovan. C’est grâce à lui qu’elle a compris. Compris qu’elle ne pourrait jamais aimer rien d’autre qu’un être stupide et brutal. Un être qui pourrait la serrer dans ses bras pour la protéger. Simplement un lui qu'un elle n'apporterait jamais. Il ne l’a jamais fait lui, ils n’ont pas eu l’occasion de connaître ces vraies joies. Avant même qu’une étincelle n’illumine ses yeux gris, Desdémone l’a vu s’éloigner pour ne jamais revenir. Comme le temps l’a emportée. Elle est désormais si loin de tout. Un rien l’effraye. Si bien qu’elle n’hésite jamais à sortir sa baguette en bois de noisetier, celle qui fait vingt-sept centimètre et qui, en son cœur, renferme une plume de phœnix. De cette baguette jaillie des centaines de sort qu’elle a appris avec le temps. Elle les a appris avec son père, avec sa mère, avec Donovan parfois. Mais surtout à Poudlard. C’est là par exemple qu’elle a appris le sortilège du patronus. Permettant ainsi de faillir émerger de sa baguette un petit panda. Elle en a été longtemps fière. Se disant combien elle avait travaillé dur pour y parvenir. Aujourd’hui, elle n’en voit plus l’intérêt. Un sort de plus, un sort de moins… C’est ça la vraie magie magiciens, non pas celle des sorciers. Les sorciers sont tellement habitués qu’ils ne s’émerveillent plus devant quoi que ce soit. C’est bien triste. Desdémone ne veut jamais devenir comme ça. D’ailleurs, elle s’émerveille souvent. Même si personne n’est là pour le voir, elle s’émerveille. Comme cette fois ou, par un hasard étrange, elle était tombée face au miroir de Risèd. Et face aux images qui apparurent, ses yeux se plissèrent. Et doucement, elle a analysé. La splendeur de sa chevelure, la douceur de ses yeux, l’immobilité de ses traits et elle, installée à ses côtés. Si rayonnante. Il est là son rêve. Il persiste dans son enfance. Et cela ne la quitte jamais. Pas tant qu’elle continue d’y croire.

j'aime le sol qu'il foule, l'air qu'il respire, et tout ce qu'il touche, et tout ce qu'il dit. j'aime tous ses regards, et tous ses gestes, je l'aime entièrement et complètement.¹ assise par terre, sa main caresse doucement l’herbe humide. Sous la brise fraiche, sa petite jupe ondule sournoisement. Et elle est là, lasse. Et elle attend. Elle attend que quelque chose se passe. Que sous ses yeux de petite fille, le monde se meuve, par exemple. Qu’il s’électrise, qu’il danse, qu’il s’anime. Mais rien. Si ce n’est ce son étourdissant qu’est le silence. Il lui emplit les tympans et la rend incroyablement malheureuse. Son cœur se serre comme si une peine lourde l’encerclait. Alors, elle a mal. Tellement mal que sa main se referme sur une poignée d’herbe. Énervée, incomprise et seule, elle commence à arracher avec mécontentement la flore qui l’entoure. Sa gorge se noue et ses yeux commencent à briller d’une étrange lueur. Elle a mal, Desdémone. Tellement. Mais personne ne le voit… Tantôt ici, enfermée dans son jardin de malheur, elle regarde les barrières qui ont été fixées pour elle. Elle les observe, se concentre et par tous les moyens, essaye de les faire exploser. Comme si sa simple pensée pouvait suffire. Mais hélas, ce n’est pas le cas. Les barrières restent et l’emprisonnent. Tantôt là-bas, dans la prison de verre que forme sa petite chambre d’enfant. Dans sa bulle de transparence, Desdémone est assise et lasse. Et toujours, elle attend. Elle ne fait que cela, attendre. Il faut croire qu’attendre est une bonne chose… Ou tout simplement, la seule chose qui lui est permise. Elle est là, la réponse à la question. Si Desdémone attend, c’est qu’elle n’a rien d’autre à faire. Seule et perdue, son quotidien est morne et sans vie. Elle n’a plus la force de sourire, ça fait mal à se pommettes bleuies. Plus la force de rire, l’éclat de ce dernier l’assourdit. Plus la force d’y croire, les mensonges sont sa maison. Plus la force d’aimer, puisque ça ne veut rien dire…

e.c.