Spoiler:

REQUIEM EXCIDIUM V2
2011 - all rights reserved

i invite you to a world where there is no such thing as time.

« and every creature lens themselves to change your state of mind »

Une brise légère se leva soudain, me faisant doucement frissonner. Elle s'engouffra dans le pull en laine que maman m'a spécialement tricoté pour l'hiver qui approchait à grand pas. De gros gans aux mains, un bonnet sur la tête, une grosse écharpe autour du cou, seuls mes yeux bleus pouvaient être entrevus. Maman m'a toujours surprotégé. J'étais "son petit homme" rien qu’à elle comme elle me le disait parfois. Mes frères étaient trop grands à présent pour recevoir ce genre de traitement. D'ailleurs, il n’était pas aussi proche de maman que je puisse l’être. J’ai toujours été me réfugier dans les jupes de maman, quand j’étais triste ou quand mes frères me taquinaient. Je pense avoir toujours été comme ça. Vous savez, du genre pleurnichard et sensible qui demande sans cesse sa maman au moindre problème. Je jouais dans le jardin, accroupis pour de l’herbe, je regardais complétement fasciné par les fourmis qui se déplaçaient entre les brins d’herbe. Cela faisait bien plusieurs heures que j’étais là à observer ces petites bêtes vaquer à leurs occupations. J’étais happer par cette société miniature et je perdais petit à petit la notion du temps. Je refaisais le monde autour de moi. Je m’imaginais lieutenant de ces troupes bien organisées. Sans que je m’en rende compte, la forte curiosité que je ressentais avec soudainement teintée ma chevelure –d’habitude aussi noire que le jais- en une couleur rose bonbon absolument abominable. En cette période de l’année, j’étais la seule touche de couleur dans le paysage. J’avais beaucoup de mal à me contrôler en ce temps-là. A huit ans, je n’étais pas encore habitué à canaliser mes émotions pour éviter que cela se répercute physiquement. Pour l’instant je ne m’y préoccupais pas trop, laissant les choses suivre leur court. Maman, elle, trouvait ça charmant, mes frères eux trouvaient ça hilarant et stupide. D’ailleurs ils me disaient souvent que c’était surement le pire don qu’on puisse acquérir, et j’avais un avis semblable sur ce sujet. Ce don me mettait mal à l’aise et provoquait un trop grand stresse pour mon jeune corps quand j’étais en public. Il m’était arrivé à plusieurs reprises de m’évanouir. Oui, j’étais une petite nature, mais j’aimais que l’on s’occupe de moi surtout. Les secondes, les minutes filaient à une vitesse inimaginables, mais j'avais perdu la notion du temps -accaparé par ce spectacle- oubliant presque le froid mordant qui faisait souffrir mon corps. Le soleil tombait progressivement sur le paysage irlandais. Des pas se rapprochant de moi me tirèrent de ma rêverie. Une main vint ébouriffer ma tignasse rose et je sus instinctivement à qui cette main appartenait. « oh maman, je pourrais rester encore un peu? » demandais-je avec un air innocent et adorable, dans l'espoir qu'elle veuille bien accéder à ma requête. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Un air niais, mais absolument charmant dont je connaissais qu'il ferait son effet sur maman, et dont j'abusais souvent. Malheureusement, je sentis que c'était compromis quand je vis qu'elle tenais une doudoune dans les bras; ma doudoune verte pomme que je mettais constamment. Je lui pris soudainement des mains et la mis. « il commence à se faire tard siggie, il faut rentrer maintenant. » Je baissais la tête, pris sa main et je la suivais silencieusement. Pour une fois, je réussis à retenir mon caractère capricieux et ma déception qui se manifeste souvent par une crise. Mais je sentis que maman comprit que je n'étais pas content, quand je vis son regard s'illuminait quand elle vit que ma chevelure vira au violet. (...)

« oh par merlin, enlève donc cet air niais de ton visage! » Les rayons du soleil réchauffaient agréablement mon visage blanchâtre. Je rêvassais encore une fois, fermant les yeux, me laissant aller à cette douce chaleur qui envahissait mon esprit. Il faisait bon de s’allonger dans le parc par un temps pareil et j’avais la chance de ne pas avoir de cours avant quatorze heures. Il semblait que cela faisait une éternité que je n’avais pas ressenti le soleil sur ma peau. Desdémone était à quelques mètres de moi, assise dans l’herbe appuyé contre un tronc. Allongé, les mains derrière la tête, un rire s’échappa de mes lèvres quand je l’entendis parler. Des pattes d’oies se formèrent sur le coin de mes yeux quand ces derniers se plissèrent à cause du soleil. Mon regard se dirigea vers elle, elle était très jolies avec ses yeux noisettes et ses cheveux bruns. Je ne la connaissais pas vraiment. Nous étions de la même année et nous assistions aux mêmes cours depuis l’année dernière. Je me relevais légèrement, me tournais vers elle tout en restant assis sur l'herbe et matérialisa un groin à la place de mon nez. Je tirais la langue avec un air plein d’espièglerie. Elle ouvrit grand les yeux, surprise apparemment. Pourtant je pensais qu’elle savait que j’étais un métamorphomage. Le groin disparut et je ne pus m’empêcher de rougir légèrement, faisait roussir ma chevelure noire. Mais après quelques secondes je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Desdémone se dérida soudain et nos rires se mêlèrent. « je n’avais encore jamais rencontrée un métamorphomage ! et qu’est-ce que tu sais faire d’autres ? » Sa curiosité m’amusa. Mais je n’aurais jamais fait de démonstration s’il n’y avait pas eu qu’elle. Je plissais le nez et me transformais à tour de rôle, passant d’une simple transformation –changement mon nez en trompe, ou en une autre partie d’animal– à une transformation plus complexe –concernant la transformation de type humaine. Je crois que c’est à partir de ce jour-là que nous commençâmes à nous parler, à traîner ensemble, à se partager les ‘Bertie Crochues’.